jeudi 21 juillet 2016

Le Trac.

28 Janvier 2016.
Intérieur - Nuit.

J'apprends que ma famille a convenu de partir en voyage. Avec moi. Un voyage loin de la grisaille. Un voyage familial. Un voyage.

Ce mot était tellement poussiéreux dans mon cerveau ! "voy-a-ge"
Mon dernier voyage remontait à... (Ok. Le nombre d'années qui s'affiche sur mon compteur m'oblige à user de mon pouvoir de coquetterie pour ne pas l'exprimer autrement qu'en chiffres romains.)

Donc mon dernier vrai voyage (je ne parle pas de cet insipide séjour à Majorque il y a quelques années) a eu lieu en l'an MMVII. Je retournais à New York. Une ville que j'aime tendrement. J'ai toujours un petit pincement, au creux du ventre, quand je repense à Bleecker St. ou au Washington Sq.
Avant ça, j'avais visité l'Europe. En long en large et en travers. Avec l'objectif de toucher toutes les mers qui la bordent. Haaaa la Grèce... Les pizzas à Naples... Le gris azuré de Gdansk... La gentillesse des budapestois (j'ai été vérifié, ça se dit bien comme ça)... L'immaculée Tokyo. Barcelone il n'y a pas si longtemps. Londres.
Mais voilà. c'était il y a bien longtemps. Quand j'étais jeune.

Donc imaginez un peu. Vous êtes à côté de Paris. Emmitouflé(e) dans un plaid à bouclettes. Vous vous apprêtez à boire votre tisane au gingembre. Il fait nuit depuis 5 heures bien sûr. Il pleut depuis des lustres. Forcément. Je rappelle que nous sommes fin Janvier. Saison hautement divertissante dans cette contrée. Et là, au détour d'un mail qui vous vient tout droit de l'été, de l'autre hémisphère, de votre soeur, celle-la même mariée à votre frère, on vous propose de partir en voyage, avec eux. En Juillet.

En VOYAGE.

Les destinations de Bali, de la Malaise sont évoquées. Mais mon cerveau a déjà fait son choix. Ce sera Bali. Parce que durant toute son existence, à aucun moment, mon cerveau n'a rêvé aussi bien ou n'a eu la prétention d'imaginer qu'il prononcerait et visualiserait ce nom. Alors il s'est jeté sur l'occasion comme la pauvreté sur le tiers monde.
Bali. Ba. Li. Baaaaa. Liiiiii.
L'Indonésie quoi !
Le paradis en somme. Là. A portée de moi. A quelques mois. De moi. (oui, j'aime user et abuser des allitérations. Et des parenthèses)

Début Février, mon nouveau passeport était prêt à voler. Moi-même je frisais l'hystérie. J'ai passé les mois suivants à raconter à qui voulait bien l'entendre que je partais. Loin. Avec mes parents. Retrouver mon frère, ma soeur, leurs enfants.

Plus les mois se traînaient en longueur, plus ma langueur gagnait du terrain.
Pourtant ce voyage s'organisait. Les billets ont été achetés tout de suite. Des changements en cours de route m'ont donné quelques sueurs froides et m'ont fait basculer dans des colères sourdes contre le voyagiste.
Ma belle soeur (oui parce qu'elle est belle, c'est vrai) - quant à elle - s'occupaient de nous concocter un séjour inoubliable en dégottant des lieux magnifiques. Se renseignant. Passant des heures à éliminer les moindres faux pas d'accueil. Grâce à elle le programme se dessine. Ubud d'abord. Puis cette petite île au nom qui chante tant de promesses : Gili Asahan et son ecolodge paradisiaque. Et enfin Canggu (qu'on ne prononce finalement pas comme la voiture).

J'ai hâte mais Juillet me semble tellement loin. Le froid humide prend le pas sur toute initiative ici. Je sombre dans une routine bien déprimante et je souffre physiquement de ces températures bien tristounettes.

Quand subitement fin Juin est là !
Le soleil n'ayant pas daigné lardé ses rayons jusqu'à nous, je n'avais pas réalisé que l'été était arrivé. La pluie m'avait sérieusement induite en erreur faut dire. Jusqu'à mi-Juin je croyais dur comme fer que nous approchions de la Toussaint alors que nous avions largement dépassé les Saints de Glace.

Branle-bas de combat : je ne suis pas prête dans ma tête ! Et le reste n'est pas en reste non plus. Mon sac n'est pas commencé. J'ai survolé mon guide (j'ai regardé les photos donc). J'ai à peine commencé une liste de choses à ne pas oublier. Je procrastine. J'ai encore du mal à croire que je vais m'envoler pour ces séduisantes contrées.

Et pourtant...

2 Juillet 2016.
Intérieur- Jour.

Nous y voilà. Mes parents fraîchement arrivés la veille, nous émergeons d'une nuit chaotique, excités que nous sommes, comme trois enfants un matin de Noël qui tomberait aussi le jour de leur anniversaire et de Pâques. Les mystères du calendrier grégorien.

Nous faisons appel au bons services de monsieur Uber et partons sans comprendre pour l'illustre Charles de Gaulle. J'ai à peine câliné mon chat, paniquée que j'étais à l'idée d'oublier... d'oublier je ne sais quoi d'ailleurs, car de quoi aurais-je bien pu avoir besoin finalement ? A part de mon passeport et de mon entrain ?

Hilares, nous prenons possession des lieux. Gouailleuse et enjôleuse, je me mets dans la poche tous les gens que je croise. Mes blagues ne passent plus le filtre et fusent, sûres de leur effet.
Nous partons en voyage, je me sens intouchable.






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